[En cours] Aaron Smith - The Lonely Fighter

Aaron Smith… Aaron Smith… un nom qui sonne glorieux aux oreilles. Aaron Smith… peut-être avez-vous entendu parler de ce combattant prodige, que ce soit sur votre téléviseur, sur les revues fraîches du lundi, ou encore parmi les jeunes qui accourent les rues crier victoire sur tous les toits.
Une figure devenue internationale il y a quelque peu depuis les derniers championnats; voyez-vous ça, un jeunot boxeur conquérant tous les titres chez les seniors, du jamais vu ! Sous les feux des projecteurs, Aaron Smith est devenu sans contestation un modèle exemplaire pour tous les jeunes garçons émerveillés devant leur écran.

Cependant, bon nombre d’entre eux avaient tendance à oublier que leur idole n’était lui aussi qu’un simple jeune adolescent, celui-ci n’ayant pas le plus glorieux des passés. Aaron Smith… un jeune garçon autrefois méconnu de tous, semblait être le plus ordinaires des énergumènes. Petit, faible, maigrichon, bon à rien; il n’était vraisemblablement pas destiné à devenir un grand homme.

Né quelque part dans un trou perdu du pays de la Liberté, il était issu d’une liaison fortuite, d’un père inconnu et d’une mère tout à fait banale. Un fils bâtard à qui on avait bien donné un nom mais qu’il ne put s’en souvenir. La femme qui tenait le rôle de mère décéda pour le moins assez rapidement de maladie et le nouveau-né fut prestement envoyé à l’orphelinat sans que ce dernier puisse y faire grand chose. Il n’y passa cependant que quelques jours avant de se faire accueillir chez une famille populaire à Houston.

Dans cette maison vivait un quelconque couple, se disputant régulièrement. Le mari préférant boire et rester docile sur son canapé devant son écran, la femme allait ainsi souvent dehors, voir d’autres hommes. Le petit jeunot quant à lui fut nommé Thomson, mais l’on avait plutôt l’habitude de l’appeler par son médiocre diminutif Tom.

Tom passait une jeunesse relativement banale, il n’avait jamais réellement attiré quelconque attention, que ce soit de la part de ses parents adoptifs ou de la société. Il fut envoyé dans une école plutôt classique, sans vraiment atouts particuliers la différant de d’autres, on y apprenait à lire et à écrire. Toutefois, on faisait là-bas une étrange distinction entre les élèves : celle de classer les blancs et puis les autres. “Blanc”, une étrange étiquette associée aux personnes ayant une peau assez claire, beige blanchâtre. Tom fut parmi, hélas, les autres. Depuis sa naissance il fut offert d’un teint assez particulier, assez mat. Caramel? Chocolat au lait? Aussi succulent le met que pourrait caractériser ce teint de peau, cela ne put empêcher Tom de succomber à de nombreuses moqueries de la part de ses camarades sans vraiment savoir la raison.

Lorsqu’il rentrait de l’école, la maison n’était que bruits lointains de télévision au salon, aux sons bruyants de voix de politiciens ou de matchs de baseballs, accompagné de bâillements répétitifs d’un homme ivre sans conscience du monde qui l’entoure. Tom avait pour habitude de manger les quelques restes de pizza, de pâtes ou de snacks du daron en guise de repas, avant de monter dans sa piètre petite chambre et jouer à la console portable qu’il avait un jour acheté avec l’argent d’une tirelire cassée. Il trouvait les jeux vidéos amusants, d’autant plus qu’il ne trouvait rien d’autre d’intéressant à faire de sa médiocre vie, c’en était désolant. Il ne savait d’où il venait, pourquoi il était né, ou même ce qu’il faisait là dans un trou à rat. Qu’est-ce qu’une mère? Qu’est-ce qu’un père? On lui disait que l’on devait respecter, aimer ses parents et apprendre d’eux. Il se demandait bien ce qu’il pouvait tirer de ces énergumènes qu’étaient ses parents adoptifs. Qui étaient ses parents? Il n’avait aucun souvenir d’eux. En avait-il au moins? Tom, haut de ses quelques années, ne savait pas pourquoi il existait.

Au bout d’un temps, ses camarades d’école blancs avait commencé par s'en prendre à Tom, juste pour plaisanter. On commençait doucement; l’embêter par des insultes, lui balancer des avions en papier en pleine figure, lui gribouiller des injures sur sa table… Des choses d’assez fréquentes et amusantes à faire. Puis on allait plus fort; le tabasser, l’écraser sur le sol avec le pied, lui arracher les cheveux… Ça faisait plaisir à ses camarades de le voir davantage souillé qu’il ne l’était déjà. Les instructeurs n’en savait rien, ne s’y intéressaient pas non plus. Tom n’était malheureusement pas le seul, cela concernait tous les autres élèves de son genre : différents et inférieurs.

Tom, au début, ne se souciait pas de ce qu’il lui arrivait. C’était peut-être normal ce genre de choses, par ici. Cependant, plus le temps passait, plus il s'interrogeait; est-ce que tout cela paraissait juste? injuste? Pourquoi se surprenait-il parfois en train de pleurer? Parce que ça lui faisait du mal? Qu’est-ce qui faisait mal? Le fait de se faire terriblement battre jusqu'à en saigner? Ou bien le simple fait qu’il ignorait de tout du monde qui l’entourait? Il observait les autres se faisant tout aussi martyriser, mais voyant son misérable statut actuel il ne pouvait hélas rien faire pour eux non plus. Mêlé d’incertitudes, il avait peur, Tom ne savait pas ce qu’il devait faire, ce sentiment de ne rien savoir était juste ignoble.

C’est alors qu’il rencontra Mister Smith.